Comme le sable en plein désert, le temps s'est installé chez moi.
Je ne l'avais pas invité et pourtant, sans frapper ni prévenir, il s'est glissé sous mon toit.
Un courant d'air joue avec les grains de sable. Ces mêmes grains, qui remplissent mon sablier.
Ici, une photo de moi enfant, là, une photo de mes petits enfants.
En suivant le chemin du sable, là, sur mon meuble craquelé par le temps, je me rends compte que ce sont les derniers. Un par un, ils tombent dans mon petit compteur de vie.
Je suis tristement heureuse. Il est temps.
Une fois encore, je ferais preuve de courage. J'attrape le dernier grain. Ce sable, c'est moi.
Lentement, je le pose dans le sablier. Mon cœur s'allège au fur et à mesure qu'il glisse vers le fond et je crois qu'à ce moment tout est possible. Je prie pour que la chair de mon sang se porte bien et j'ose encore croire à une réincarnation.
J'aimerais être un aigle.
L'obscurité s'abat sur moi et je m'éteins sans douleur. Le sablier ne fonctionne plus.
Tilancia